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samedi 11 août 2012

Pierre d'Ovidio: le polar comme outil

Né à Paris, Pierre d’Ovidio s’est installé il y a quinze ans sur les bords de la Creuse où il mène sa carrière d’écrivain de romans noirs.
Pierre d'Ovidio dans son jardin de Saint-Rémy-sur-Creuse. Pierre d'Ovidio dans son jardin de Saint-Rémy-sur-Creuse.

Qu'est-ce qui pouvait bien amener ce Parisien pure souche dans ce coin de campagne paumé ? « De toute façon, si je quittais Paris, c'était pour la campagne, la vraie, pas une autre ville. » Mais ce natif du XIIIe arrondissement – sa mère de Franche-Comté, son père de Grenoble se sont rencontrés à la capitale – n'a pas tout à fait coupé les ponts quand il a décidé avec son épouse de s'installer en 1997 à Saint-Rémy-sur-Creuse : « Il fallait que ça ne soit pas trop loin en TGV. » Et Pierre d'Ovidio avoue retourner vers son Paris natal presque chaque mois. « J'aime marcher dans les rues, flâner. » Et travailler. Car les retours à la capitale sont généralement synonymes de recherche dans les travées de la bibliothèque historique de la ville de Paris, en vue d'un prochain ouvrage.
" Faire découvrir la région "
Car ce professeur d'histoire aujourd'hui à la retraite a toujours mené une vie parallèle. D'abord au sein d'une communauté de peintres « post-soixante-huitarde ». Puis, quand il a vu ses copains profs aux Beaux-Arts creuser le fossé avec lui, dans la littérature. Des textes pour accompagner des ouvrages d'art de ses amis. Puis « trois-quatre livres », jamais publiés.
Jusqu'à 1995 et la sortie chez Phébus de La Vie épatante. « Un gros succès critique » avec des mentions dans les Inrockuptibles, Télérama, La Croix ou l'Huma. Après son déménagement dans la Vienne, il propose une trilogie sous fond de polar « pour faire découvrir cette région aux lecteurs que je découvrais moi-même ». Son héros, Mascarpone, correspondant de presse à la République Nouvelle (1) remplit son début de siècle (2). Suivront Les Enfants de Van Gogh sur l'épopée des peintres dans les années 70 qu'il a vécue en 2007 et Nationale 7, un carnet de voyage sur Madagascar.
Le succès au rendez-vous
Mais des problèmes chez son éditeur l'empêchent de progresser. « Il ne faut jamais être trop fidèle dans ce métier », constate-t-il. Une leçon qu'il retient en proposant un roman noir aux Presses de la cité (sortie l'an prochain) tout en menant une grande fresque pour la collection Grands Détectives chez 10-18 : l'histoire d'un policier dont les enquêtes traverseront la IVe République. « Une période qui est très peu utilisée, explique Pierre d'Ovidio. En plus, je la connais bien puisque c'est celle de ma jeunesse. »
Après l'immédiat après-guerre (3) et l'insurrection de 1946-1947 à Madagascar (4), le troisième volume évoquera le sabotage d'un train, meurtrier, fait divers réel qui mettra fin aux grèves insurrectionnelles en 1947-1948. « Je ne sais pas combien il y en aura. À ce rythme, pour aller jusqu'en 1958, il en faudra bien six ou sept. » Et si le succès est au rendez-vous, peut-être inspirera-t-il un réalisateur ou un producteur de télévision ? Un doux rêve que Pierre d'Ovidio caresse sans trop y croire. Mais la vie a parfois des cours bien plus sinueux que ceux de la Creuse…
(1) Pierre d'Ovidio sera ultérieurement correspondant pour La Nouvelle République. (2) La trilogie est composée de « Demain, c'est dimanche » en 2001, « Pertes et profits » en 2002 et « Les Cahiers au feu » en 2004, tous chez Phébus. (3) « L'Ingratitude des fils » en 2011, chez 10-18, Grands Détectives. (4) « Le Choix des désordres », mars 2012, chez 10-18, Grands Détectives.
Laurent Gaudens

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