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vendredi 12 octobre 2012

"Avec le bio, je redeviens un vrai agriculteur"

Eric Testard a mis ses 265 hectares en bio cette année. Eric Testard a mis ses 265 hectares en bio cette année.
Le bio n’est plus une affaire de doux rêveur. Désormais, de grosses exploitations s’y mettent. Exemple à Naintré.
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J'en avais marre de traiter. Je vois des copains autour de moi avoir des maladies dues aux produits phytosanitaires, et on n'en parle pas. C'est d'abord en pensant à sa santé qu'Eric Testard a pensé au bio. Une santé qui l'avait peu soucié depuis qu'il avait pris l'exploitation de son père en 1982.
Pendant pas mal d'années, il aura même été un chantre de l'agriculture traditionnelle, augmentant sans cesse sa production, passant de 84 hectares à 265 au fil des ans et des rachats des fermes alentours. Avec 60 vaches laitières et 20 génisses, il produit du blé, du tournesol et du maïs.
Un premier tournant a lieu en 2005. Une nouvelle mise aux normes, trop contraignante à son goût, le pousse à vendre ses vaches et licencier son ouvrier. Il en profite pour reconvertir son étable en sept appartements. Parallèlement, avec son épouse Evelyne, il suit une formation à la chambre d'agriculture pour devenir agriculteur bio. « A l'époque, les primes de reconversion ne pouvaient concerner que 110 hectares au maximum. Je n'avais pas envie de scinder mon exploitation en deux. »
En 2011, changement de réglementation, tous les hectares seront concernés. Le bon moment pour faire le dernier pas. Depuis le 10 mai dernier, l'exploitation est donc en reconversion pour les deux années à venir. La troisième récolte sera labellisée bio.
" J'avais envie de voir autre chose "
La reconversion a nécessité 60.000 € d'investissement, notamment une herse étrille (matériel de désherbage) et une bineuse. Mais Eric Testard a fait ses comptes et ils ne sont pas mauvais : « Je m'attends à moitié moins en production. Mais là où je faisais 60 quintaux à 200 € la tonne, je pense faire 30 quintaux à 400 €. On arrive au même résultat. »
L'exploitant va aussi diversifier sa production : du blé, du tournesol, et du maïs comme avant, mais aussi de l'orge, de l'avoine, de la féverole (riche en protéine, la céréale remplace le soja), de la triticale (croisement du blé et du seigle). Et même si les contrôles sont fréquents, même si ses collègues agriculteurs sont prêts à le décourager, Eric Testard est convaincu de son choix : « J'avais envie de voir autre chose. Quand on passe au bio, on redevient agriculteur. C'est plus technique, il faut arriver au bon moment, le bon jour. C'est autre chose. » Il a gagné en outre une certitude, son fils reprendra bien l'exploitation quand il prendra sa retraite : celui-ci ne voulait pas entendre parler d'agriculture traditionnelle.
Laurent Gaudens

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