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mardi 30 avril 2013

Commerces : des loyers trop chers ?


Martine Gandubert : « Les loyers sont beaucoup trop élevés. » Martine Gandubert : « Les loyers sont beaucoup trop élevés. »
Pas-de-porte délaissés, vitrines à l’abandon : le commerce châtelleraudais souffre. Montré du doigt : le prix des loyers, trop excessif.


Mille sept cents euros hors taxes. Quand elle a pris connaissance du loyer demandé pour l'emplacement de l'ancien magasin Jacqueline-Riu, Martine Gandubert a failli s'étrangler. « Pour à peu près la même surface, je payais 750 € par mois à Laval », s'insurge-t-elle.
Du coup, la propriétaire du magasin Louise et moi, rue de l'Arceau, ira ailleurs pour agrandir sa surface. Mais cela illustre, selon elle, le malaise que vit aujourd'hui le commerce châtelleraudais. « Les loyers sont beaucoup trop élevés. Ça dissuade complètement l'ouverture de petites boutiques. »
 " Les franchises ferment et c'est trop grand pour les petits commerces "
Rue Bourbon, rue de l'Arceau, boulevard Blossac… autant de rues où les loyers seraient largement surévalués. « Nous avons un gros problème de loyers, notamment dans la rue Bourbon », confirme Anne Chapin, présidente de la Fédération des acteurs économiques. Même si, relativise-t-elle, cela n'empêche pas l'ouverture de nouveaux commerces.
« Le problème, c'est que des franchises ont acheté deux ou trois boutiques pour faire un seul magasin voilà quelques années, reprend Martine Gandubert. Aujourd'hui, ces franchises ferment et c'est beaucoup trop grand pour que des petits commerçants s'y installent. » Dans le viseur, des magasins comme Esprit, où n'a pu se réinstaller qu'un magasin de produits bas de gamme.
Cette surenchère des prix, la municipalité en est elle-même victime. Avant de s'installer tout au début de la rue Bourbon face au café L'Espérance, l'Agence pour l'amélioration de l'habitat a approché deux autres propriétaires d'emplacements a priori mieux situés. « On a reçu des propositions complètement délirantes », s'énerve Jean-Pierre Abelin.
Pour le maire, il faut avant tout distinguer deux catégories de commerces vacants. D'abord ceux dont les locaux ne sont plus adaptés par manque d'entretien ou pour des causes structurelles qui ne leur permettront pas de passer le cap de la loi handicap en 2015 sur l'accessibilité. Ceux-là seront transformés en logements, notamment par le biais de l'Opération programmée d'amélioration de l'habitat.
Des locaux bien placés et vides, " c'est choquant "
Et puis, il y a les autres. Ceux dont les propriétaires ne veulent pas baisser les loyers, dont certains « sont exorbitants ». « C'est ça qui est choquant, poursuit Jean-Pierre Abelin, des locaux très bien placés qui restent vides deux ans, trois ans. » La faute à des propriétaires « qui ne se rendent pas compte de la réalité châtelleraudaise car ils en sont trop éloignés » ou qui ont acheté leur bien trop cher pour rentrer dans leurs frais.
Face à cette situation, la Ville va entreprendre des actions de sensibilisation auprès des acteurs du marché comme les agents immobiliers et les banques. Avant, peut-être, d'envisager des actions plus contraignantes.
en bref
Des raisons anciennes
Le problème des commerces vacants ne date pas d'hier. D'ailleurs, les différentes études, datant de 2008, 2010 et 2012, donnent à peu près les mêmes chiffres : de 50 à 55 commerces vacants dans les deux centres, Châtellerault et Châteauneuf. Plusieurs raisons de long terme sont avancées par la municipalité : une baisse de la population dans le centre, le départ de services publics du centre (ancien musée, ancien théâtre, ancien hôpital), le dévelop- pement du commerce en périphérie, le développement d'Internet…
Les quatre cartes municipales
Pour tenter de contrer la perte du commerce de centre-ville, la municipalité avance quatre axes principaux :
- ramener du logement dans le centre grâce à l'Opération programmée d'amélioration de l'habitat ;
- ramener (ou conserver) des équipements en centre-ville : cinéma, ancien théâtre, médiathèque, Espace Clemenceau, nouvelle école ;
- fluidifier le stationnement en lutant contre les voitures- tampons ;
- animer le centre-ville : patinoire à Noël ou, à l'étude, une animation permanente type manège sur la place Zola.
La Ville donne l'exemple
La municipalité déplore le problème des loyers trop chers… mais elle est elle-même actrice de ce marché. Place Zola, le nouvel immeuble qui a poussé sur l'emplacement de l'ex-Home Décor est désespérément vide. La faute à des loyers jugés trop chers, de l'aveu même de Jean-Pierre Abelin. La Ville devrait donc envisager très prochainement de les réviser à la baisse… et de ne pas rentrer dans ses frais

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