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dimanche 9 juin 2013

Lucien Jugé, " gaullophile " mais pas gaulliste


Lucien Jugé et le général de Gaulle, c'est une longue histoire. Lucien Jugé et le général de Gaulle, c'est une longue histoire.
Maire de Scorbé-Claivaux, Lucien Jugé a collectionné pendant quarante ans des documents sur l’histoire du général. Il a tout légué à sa commune.
Tout a commencé par une fin. Celle du général de Gaulle le 9 novembre 1970. A cette époque, Lucien Jugé travaillait comme enseignant au sein du centre national d'éducation de plein air de Suresnes et était en stage à Nanterre, dans cette fac où était née la contestation de mai 1968. « En 68, je passais mon bac à Loudun qui était assez loin de tout ça. Mais il y avait des tensions malgré tout, je me souviens des radios dans les rues pour écouter les infos. »
« Pas très engagé », Lucien Jugé n'a pas une grande connaissance de la vie du général. Mais à sa mort, sa logeuse, en larmes, veut assister aux obsèques. « On est allés à 4 h du matin sur le parvis de Notre-Dame », se souvient-il.
Un jour qu'il n'est pas prêt d'oublier. « Depuis ce moment, je me suis demandé ce qu'était cet homme. J'ai eu envie d'en apprendre davantage. » Il avait 21 ans et ne se doutait sûrement pas que cette quête allait le poursuivre toute son existence.
 " C'était un homme du XIXe siècle. Aujourd'hui, il ne serait pas réélu. "
« Tout au long de ma vie, quelles qu'aient été mes occupations professionnelles, j'ai toujours consacré 1 h par jour à cette recherche. » Une recherche qui commence par des brocantes où le jeune Lucien achète tout ce qui lui tombe sous la main ayant trait à la vie ou à l'époque du général : livres, affiches, médailles, objets divers. « Aujourd'hui, c'est surtout grâce à des alertes internet et par le biais de dons qu'on me fait. »
L'âge aidant, se pose la question du devenir de cette collection. Sans descendance, il propose au musée de Colombey-les-Deux-Eglises de la récupérer. « Mais ils n'étaient pas très intéressés et c'était très compliqué. »
Devenu maire de Scorbé-Clairvaux en 2008, il décide alors d'en faire un don à sa commune et crée une association « apolitique » pour se charger de la gestion. Depuis cette année, trois pièces d'un bâtiment communal sont consacrées à cette collection. « Ce n'est pas un musée, explique Lucien Jugé. C'est avant tout destiné aux enseignants, aux élèves pour approfondir les connaissances. Ce n'est pas un lieu pour les nostalgiques du général. Ce qui est intéressant, c'est le futur. »
Car, même s'il reconnaît être de droite, Lucien Jugé ne revendique surtout pas de filiation et n'est en rien un adorateur béat du général. « On fait souvent des rapprochements mais aujourd'hui il ne serait pas réélu. C'était un homme du XIXe siècle avec une éducation qui datait de cette époque. » Mais il en garde une certaine ligne de conduite. « Ce qui me frappe, c'est le suivi de son action et le fait qu'il ait toujours choisi son départ, même quand il a été battu. » En ce sens, Lucien Jugé en est certain : on a encore à apprendre du général de Gaulle.
 A voir également en vidéo sur lanouvellerepublique. fr et centre-presse. fr. Inauguration du « lieu d'information et d'exposition permanente » vendredi 14 juin à partir de 10 h à Scorbé-Clairvaux en présence de Jacques Godfrain, président de la Fondation Charles-de-Gaulle.
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Un lieu de mémoire pour le futur
Lucien Jugé le répète : le lieu qui ouvre à Scorbé-Clairvaux n'est pas un musée mais un endroit avant tout pédagogique. D'ailleurs, l'association – elle compte déjà une centaine d'adhérents – qui le gère a pris pour nom symbolique de « De Gaulle, mémoire pour l'avenir ».
Trois salles d'un bâtiment municipal du centre-bourg seront consacrées à la collection. Elles seront visibles à des moments déterminés et à la demande.
L'association aura aussi pour but d'organiser une bourse à destination d'étudiants ou de collégiens. Elle veut aussi ouvrir son premier colloque gaulliste cette année. Une conférence et un voyage à Colombey sont aussi dans les cartons.
bio express
> En 1970, Lucien Jugé est instituteur-éducateur, un emploi qu'il occupera quelques années.
> En 1975, pour des « raisons personnelles », il quitte le métier et devient transporteur.
> En 1980, il intègre le groupe Intermarché.
> En 1986, il crée son premier supermarché à Naintré.
> En 1990, il lance Intermarché avenue De-Lattre-de-Tassigny à Châtellerault.
Parallèlement, il est pendant 20 ans président de la Maison de la formation de Poitiers et juge pendant 13 ans au tribunal de commerce.
> En 2006, il vend ses deux magasins.
> En 2008, il est élu maire de Scorbé-Clairvaux. Il a aujourd'hui 63 ans.
Laurent Gaudens

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