Articles les plus consultés

mercredi 26 novembre 2014

Militante contre le handicap

 
Suzanne Roy, une vie au service des handicapés.
Il y a cinquante ans, Suzanne Roy créait une antenne de l’APAJH à Châtellerault. Une vie qu’elle a consacré à aider les enfants en difficulté.
Les classes surchargées, ce n'est pas un phénomène nouveau. Dans les années 50, Suzanne Roy l'avait déjà rencontré. « En campagne, on avait beaucoup d'enfants. Les élèves qui n'y arrivaient pas, on n'avait pas le temps de s'en occuper. »
C'est pour combler ce manque qu'elle suit une formation et obtient son « certificat d'aptitude à l'enseignement des arriérés ». Une dénomination qui en dit long de la place qu'on réservait alors aux élèves en difficulté. En 1954, elle débarque à Châtellerault, à l'école Ferdinand-Buisson, aujourd'hui disparue, pour s'occuper d'une classe de perfectionnement. « J'étais la jeune institutrice qui débarquait au milieu d'autres confirmées qui terminaient leur carrière en centre-ville », se souvient-elle.
" Une maman de Oyré a écrit au président de la République "
Elle y enseigne dix ans avant de suivre une nouvelle formation pour avoir une approche plus individuelle. « On se débrouillait avec ce qu'on savait, on essayait de faire pour le mieux. » Responsable du recrutement pour les classes de perfectionnement, elle renvoie tous les ans les enfants dont le quotient intellectuel est inférieur à 50 chez eux. « Une maman de Oyré a écrit au président de la République pour que sa fille aille à l'école. On m'a demandé d'enquêter. C'était une petite trisomique qui était refusée à l'école. J'ai dit qu'il fallait faire quelque chose. »
Militante politique – inscrite au PC, elle sera adjointe d'Edith Cresson – syndicale et associative, Suzanne Roy n'est pas du genre à baisser les bras. Fin 1964, avec une dizaine de parents ou grands-parents, elle fonde une antenne de l'APAJH qui vient d'être créé nationalement. « J'étais autant touché par les parents que les enfants. A cette époque, c'était très difficile de vivre avec des enfants handicapés mentaux. Certains étaient cachés, ne sortaient jamais. »
Le centre Henri-Wallon – qui deviendra institut médico-éducatif et déménagera dans l'ancien orphelinat rue Fradin en 1977 – ouvre l'année suivante dans l'ancien collège, actuellement école d'arts plastiques. Suivront en 1973, le CAT (2) René-Jaud devenu ESAT (3), en 1981, la MAS (4) de Targé en 1990, le SESSAD petite enfance, en 1994 le foyer de vie du Chillou et en septembre 2012, le foyer d'hébergement de Beauregard.
Des centaines d'enfants, puis d'adultes, auront ainsi été aidés par Suzanne Roy, via l'APAJH qui jette un regard positif sur ces années. « On arrive davantage à prendre en considération plus correctement les déficiences. Mais il y a encore des bagarres qui s'annoncent. » Mais ce sera désormais à d'autres que Suzanne Roy, aujourd'hui âgée de 85 ans, de s'en charger.
(1) Association pour adultes et jeunes handicapés (2) Centre d'aide par le travail. (3) Etablissement et service d'aide par le travail. (4) Maison d'accueil spécialisée. (5) Service d'éducation spéciale et de soins à domicile.
Jeudi 11 décembre, 18 h 15, projection de « Gabrielle » aux 400 Coups. Samedi 13 décembre, 10 h 30, salle de l'Angelarde, fête des 50 ans de l'APAJH.
Laurent Gaudens

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire